Les élèves peuvent-ils devenir des experts de l’apprentissage ?

Selon les recherches qui portent sur la métacognition en classe, même de brèves interventions métacognitives peuvent influencer positivement les résultats des élèves si elles respectent quelques éléments clés importants.

1. Le cerveau comme un muscle ? Ou changer la perception des élèves quant à l’apprentissage

L’effort garant de la réussite ?

En effet, un élève qui fournit beaucoup d’effort a plus de mal à accepter l’échec que quelqu’un qui sait qu’il n’en a pas fourni assez. L’élève qui a passé beaucoup de temps sur un travail ou à l’étude et qui subit un échec croit que c’est probablement parce qu’il n’est pas intelligent. L’intelligence, dans ce cas-ci, est plutôt le faculté de pouvoir comprendre ce qui doit être fait (comprendre la consigne), bien connaître ses capacités pour avoir en tête les stratégies qui permettront de réaliser la tâche, savoir apporter des correctifs en cours de route si nécessaire.

Deux élèves peuvent fournir une "intensité semblable", mais dans quelle direction ? De là, l’importance d’enseigner quelques habiletés métacognitives qui permettront à l’élève de gérer et d’évaluer lui-même la direction, l’intensité et les correctifs qu’il doit apporter à son travail.

De plus, un élève qui croit que l’apprentissage doit être quelque chose qui vient facilement, peut se décourager et abandonner. Par contre, un élève qui croit qu’apprendre est quelque chose qui évolue risque de persister. Il est donc important de passer du temps à faire le point sur les perceptions des élèves. Selon les recherches, les élèves qui croient que l’apprentissage évolue, sont des élèves qui réussissent plutôt bien. Les autres, qui croient que l’intelligence est une entité fixe, risquent l’abandon.

Attention, même les élèves qui sont au sommet des palmarès qui croient qu’apprendre doit être facile :"sinon ce n’est pas ta branche" risquent fort d’abandonner devant une difficulté. De là l’importance d’enquêter sur les croyances de tout le monde.

Comment changer ces croyances ?

Le simple fait de leur enseigner que le cerveau est "comme un muscle", qu’il s’agit de lui faire faire une certaine gymnastique pour qu’il évolue, comme un muscle peut évoluer dans notre corps, fait en sorte que les élèves apprennent à modifier leur perception d’une intelligence immuable sur laquelle ils n’ont pas de pouvoir. Comment ?

Par contre, il faut leur montrer comment fournir les bons efforts.

Le cerveau n’est pas vraiment comme un muscle, mais disons que le fait, pour l’élève, de le voir capable d’évolution l’aide énormément.

2. Quelles habiletés enseigner ?

Un élève expert de l’apprentissage est un élève qui sait planifier son apprentissage, se fixe des buts, connaît plusieurs stratégies, autoévalue l’efficacité de ses stratégies et apporte des correctifs.

1. Planifier l’exécution de la tâche et se fixer des buts : naturellement, nous n’aimons pas planifier. Nous savons que c’est gagnant, mais c’est un temps qui semble perdu, on veut passer à l’action !

Comment ?

Comment peut-on les amener à planifier ? Dans Lafortune, Jacob et Hébert (Pour guider la métacognition), plusieurs pistes d’action sont suggérées pour soutenir l’élève dans la planification de la tâche :

L’élève se demande :

 Qu’est-ce que je connais par rapport à cette tâche ?
 Est-ce que je la comprend bien ?
 Ai-je du succès habituellement dans ce genre de tâche ?
 Pourquoi ?
 Quel est mon but ?
 Est-il clair ?
 Devrais-je le reformuler dans mes mots ?
 Quelles sont les stratégies que je connais et qui me seraient utiles ?
 Quelle est la séquence d’action la plus pertinente ? etc.

Selon les recherches consultées, les outils TIC peuvent être attrayants puisqu’ils permettent la malléabilité, la correction rapide et un résultat attrayant.

Sans plan, on ne pourra pas s’évaluer en cours de route, parce que le plan nous indique la destination ! Sans destination, on erre sans but !

2. En action, surveiller et réguler sa démarche

Il s’agit ici de l’habileté la plus difficile à développer. Les élèves croient naturellement que faire des efforts mène au succès. Par contre, un effort investi dans la mauvaise direction ne sert à rien. C’est ça qui est difficile à comprendre. En cours de route, l’élève doit évaluer s’il se dirige toujours vers son but et se rappeler quel est son but.

Comment ?

Lors de la mise en application, introduire dans la routine un moment pour que l’élève se questionne. Le but est évidemment que l’élève utilise ce questionnement de façon autonome.

Lafortune, Jacob et Hébert (2007) suggèrent que l’élève se pose ces questions :

 Est-ce que tout va bien ?
 Est-ce que les étapes de ma démarche me permettent d’évoluer vers mon but ?
 Est-ce que ma compréhension progresse ?
 Est-ce que j’erre dans ma compréhension ou ma façon de faire ?
 Devrais-je apporter des correctifs ?
 Dois-je revenir à une étape antérieures ?
 Pourrais-je modifier ma façon de faire pour être plus efficace ?

Il est ici important d’enseigner aux élèves que la surveillance de l’atteinte de mes objectifs est une habileté de pensée qui est utile dans toutes les circonstances de la vie, non seulement à l’école. Cette habileté doit devenir un réflexe intellectuel, une seconde nature.

3. Évaluer sa démarche

Une fois la tâche terminée, l’élève jette un regard sur sa démarche.

Lafortune, Jacob et Hébert (2007) suggèrent que l’élève se pose ces questions :

 Est-ce que ma démarche a été cohérente ?
 Suis-je content, satisfait de ma démarche ?
 Pourquoi ?
 Aurais-je pu planifier autrement ma démarche ?
 La prochaine fois, pourrais-je omettre certaines étapes ?

Écueils à éviter

Risques d’échec :

Les élèves qui reçoivent un enseignement à caractère métacognitif, mais qui n’ont pas la chance de le mettre en application ne bénéficient aucunement de cet enseignement. Il faut donc penser à leur donner plusieurs contextes pour réinvestir ce qui a été appris.

Si l’élève est au secondaire, il est important que plusieurs enseignants partagent cette vue permettant à l’élève de transférer les stratégies vues avec un enseignant dans un autre contexte.

Pour aller plus loin...

Enseigner que le cerveau est un muscle : récit d’une expérience en mathématique avec élèves doués au secondaire (en anglais).

Martha Lovett, Podcast Teaching Metacognition

You can grow your intelligence (en anglais) : belle vulgarisation pouvant être réinvestie avec des élèves démontrant comment l’intelligence (le cerveau) peut évoluer.